Oh,que soyeux !
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Voici une expression que tout Lillois a forcément entendue, et utilise même encore parfois. Mais connaissez-vous son origine ?
Le « soyeux » était un objet posé à proximité du comptoir d’un estaminet. Métallique et très coloré, dans sa forme la plus répandue il représentait un personnage tenant une scie au bout de laquelle on a fixé un poids, mais pouvait être aussi représenté par des militaires, des serveurs, des anges et même des animaux.
Ce personnage reposait par deux pointes sur une surface plane, ce qui lui permettait d’osciller tel un balancier, pendant un laps de temps qui correspondait à peu près à un quart d’heure. C’est le temps qu’avait le bavard pour boire son dernier verre et quitter l’estaminet. La tradition voulait que le client ainsi désigné s’exclame : « Ah, l’soyeux y est un route ! »
D’un point de vue historique, afin d’éviter les nuisances nocturnes dues aux rixes entre ivrognes, un arrêt de 1724 interdisait d’ouvrir les estaminets au-delà de 20h00 en hiver et de 21h00 en été; la cloche de l’église faisait référence.
L’arrêt n’étant pas respecté au niveau des horaires, en 1711, ordre fût donné aux tenanciers de sonner à moins le quart pour avertir les particuliers de se retirer à l’heure prescrite.
Un tenancier eut alors l’idée d’utiliser un objet oscillant afin de prévenir ses clients en douceur … le soyeux oscillant remplaçait la cloche.
Dans le Roubaisis, un « soyeux » (scieur en patois) est donc un casse-pieds.
Si on n’utilise plus cette technique dans les bars d’aujourd’hui, les « soyeux », eux, n’ont pas disparu !